MentorNet # 75

L’avenir du christianisme en Amérique anglophone: entretien
avec George Patterson

Copyright © 2010 par Galen Currah, Edward Aw et George Patterson

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         Le déclin des églises chrétiennes en Amérique anglophone est bien documenté. Les mega-églises, les églises émergentes et les églises de maison représentent des tendances qui s’avèrent trop faibles pour faire retourner la suppression de la pensée chrétienne dans l’éthique des affaires et dans les forums sociaux. MentorNet a posé à George Patterson, vétéran formateur et défenseur de la multiplication d’église, les deux questions suivantes.

Première question. « Vu que l’Amérique anglophone n’a actuellement aucun mouvement vérifiable d’implantation d’église, quel type d’églises pourrait se multiplier sur ce continent ? » Patterson a énuméré les dix qualités suivantes qu’un tel mouvement devrait probablement adopter ou manifester.

1. Des outres neuves. Arrêter de tenter de faire passer les chameaux par le trou d’une aiguille ! L’église, telle que nous l’avons connue et l’a colportée au travers du monde, ne fonctionne guère plus. Les mouvements d’implantation d’église nous ont appris que les églises doivent être intimes, organiques, reproductibles et mobiles. Les dirigeants d’église doivent abandonner leur prétention, leur privilège et leur pouvoir, pour assumer la responsabilité de conduire et d’encadrer continuellement de nouveaux dirigeants.

2. Une expérience centrée sur le Christ. L’enseignement, la discussion, l’éthique, l’adoration, la spiritualité et, au-dessus de tout, l’obéissance, porteront sur le Seigneur Jésus-Christ : sur sa Personne, sa présence et sa puissance, sur ce qu’il a promis, sur ses œuvres dans le monde, les familles et les personnes. La christolatrie doit primer sur toutes les autres bonnes doctrines valides, y compris le créationnisme, l’éthique personnelle, les phénomènes charismatiques et même les efforts d’évangélisme.

3. Beaucoup de prière. Le rationalisme et la poursuite des richesses qui marquent l’Amérique anglophone ont déplacées la dépendance consciente de Dieu. Alors que les Américains restent trop occupés pour pouvoir se réunir quotidiennement pour deux ou trois heures de prière, ils doivent pourtant apprendre à prier beaucoup, sur toutes les occasions, pour tous les types de besoins, et pour l’avance du Royaume. La prière en privée et en petits groupes peut s’avérer tout aussi puissante que celle offerte en grandes réunions de prière.

4. Une foi enfantine. Lorsque vous priez, attendez-vous à ce que Dieu exauce vos requêtes. Lorsque les enfants prient, ils ne se demandent pas s’ils sont suffisamment bons, ni si Dieu honore l’audace humaine, ni si Dieu interfère dans la nature, ni si d’autres ont suffisamment de foi. Ils font leurs demandes simplement et rapidement, et Dieu agit le plus souvent.

5. Une proclamation courageuse. Même si le courage ne figure pas parmi les fruits de l’Esprit, agir avec courage est commandé et recommandé dans l’Écriture, car il provient d’une foi forte. Proclamez à d’autres ce que Jésus a enseigné, ce que la Bible affirme, et ce que les chrétiens réfléchis en disent, avec humilité mais sans hésitation. Laissez l’Esprit de Dieu confirmer votre témoignage et votre enseignement.

6. La Bible en pratique. La grande hérésie du mouvement évangélique était d’utiliser la Bible comme fourrage pour les leçons et les sermons, tout en lui refusant un rôle dans la détermination des pratiques ecclésiales et des méthodes missionnaires. Nous croyions la Bible, mais nous ne lui faisions pas confiance quant à son application dans nos sociétés modernes. Spurgeon avait l’habitude de dire : « La Bible est comme un lion. Ne la défendez pas; laissez-la sortir de sa cage ».

7. Une voix prophétique. Chaque mouvement a besoin d’un prophète, un chef courageux qui parle avec passion, qui formule clairement un enseignement convaincant et qui constitue un exemple de ce qu’il enseigne. Amos (3: 7) a révélé : « Le Seigneur, l'Éternel, ne fait rien sans avoir révélé son secret à ses serviteurs les prophètes ».

 

8. Une mentalité postmoderne. L’avenir de l’Amérique anglophone aura un caractère plutôt « post-modernes » dans ses préférences sociales et dans sa vision du monde. Donc les nouveaux mouvements chrétiens et les nouvelles églises seront démarrées par des postmodernes, non pas pour eux par des modernes bien intentionnés. Les croyants plus âgés peuvent servir de mentors estimables aux dirigeants postmodernes, mais ils ne doivent pas leur imposer ni les règles ni les formules qui ont provoqué le déclin actuel.

9. Dirigeants efficaces. Alors que les visions post-modernes du monde s’avèrent plus similaires à celles de la Bible qu’à celles modernes évangéliques rationalistes individualiste, les post-modernes tendent à rester entravés par leur refus de fournir une orientation stratégique, une direction décisive, et un encadrement de dirigeants de la manière de Jésus et de ses apôtres. Les responsables efficaces d’églises devront assez surmonter leur pensée collective pour fournir aux ouvriers des plans, des objectifs et des corrections en obéissance à Christ.

10. Trois sortes de cellule. J’appelle celles-ci groupes chercheur, semeur et nourricier. (Voir MentorNet 70). Les groupes chercheurs rassemblent des pré-croyants qui sont disposés à enquêter sur Jésus, se réunissant souvent chez des chercheurs comme Lévi, Corneille et le geôlier Philippien ; groupes semeurs sont de nouveaux croyants qui organisent avec enthousiasme des groupes chercheurs pour leurs amis et leurs familles ; et les groupes nourriciers sont de mûrs croyants qui ont besoin de soins pastoraux et qui envoient des ouvriers désireux de lancer des groupes chercheurs et semeurs. Un seul groupe pourrait répondre aux besoins de tous les trois types de personnes, mais dans les anciennes églises cela se produit rarement, parce que les groupes nourriciers ont tendance à avaler les groupes semeurs avant qu’ils ne puissent multiplier.

         Deuxième question. «Les vieux dirigeants, églises, et missions traditionnels, que pourront-ils faire, afin de favoriser un tel mouvement de multiplication d’église en Amérique anglophone ? » En bref :

1. Servir en mentor aux jeunes dirigeants. Ayez du respect pour leurs valeurs sociales postmodernes, tout en les aidant à planifier, à définir des objectifs et à en évaluer les résultats. Ne pas dicter ni les formes ni les méthodes, mais poser des questions qui stimulent les jeunes meneurs à découvrir des formes et des méthodes appropriées pour leurs amis et famille.

2. Responsabiliser de jeunes implanteurs d’ église. Permettez-leur d’agir en dehors des églises existantes, d’effectuer toutes sortes de tâches pastorales, et d’obéir à tous les commandements de Jésus, évitant de définir des qualifications et normes extra-bibliques. Qu’ils encadrent, à leur tour, de nouveaux dirigeants, leur formant dans des relations jumelées. Lorsque les gens ne vont pas au sermon, il faut emmener l’église à eux!

3. Exploiter les valeurs post-modernes. L’orientation au groupe et les valeurs communes d’adultes post-modernes s’adaptent bien à la nature organique des églises de maison, et les arts expressifs peuvent communiquer à propos de Jésus et de ses enseignements beaucoup plus convaincante que les sermons logiques, analytiques, linéaires, monologues du passé.

4. Expérimenter la présence du Christ. Laissez le culte concentrer sur le Seigneur Jésus-Christ, sur sa présence spirituelle dans les rassemblements chrétiens, sur l’œuvre de l’Esprit Saint à travers les sacrements, et sur l’amour du Père pour ses enfants.

5. Souligner le ministère prophétique. Le prophète Joël avait prévu que l’Esprit de Dieu serait déversé sur les vieillards et les jeunes, sur les hommes et les femmes, et que tous prophétiseraient. Pierre a proclamé l’accomplissement de cette promesse lors de la Pentecôte, et Paul a demandé que la prophétie caractérisent les réunions d’églises. Dans les rencontres intimes où on cherche à prophétiser, on ne risque pas de se faire enduire dans l’erreur doctrinale plus que les clercs diplômés de séminaire qui résonnent de derrière leur pupitre.

6. Féliciter la reproduction. C’est la volonté de Dieu que ses églises se reproduisent et qu’elles remplissent la terre avec l’enseignement chrétien, tant sur le plan géographique que socialement. Enseignez la multiplication d’église, habilitez les multiplicateurs d’église, et approuvez publiquement les églises qui multiplient.

7. Mobiliser de nombreux ouvriers indépendants. Pour chaque professionnel salarié, il faudrait des dizaines ou des centaines de « fabricants de tentes », c’est-à-dire, leurs homologues bénévoles ayant les mêmes dons de l’Esprit.

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