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Groupes de maison
pour cultures urbaines

Ministère biblique des petits groupes sur cinq continents

 

Mikel Neumann

 

Traduite de l’anglais.
Copyright © 2007 par Mikel Neumann. Tous droits réservés.
Permission de corriger et de reproduire sous toute forme est accordée.

Matières

Remerciements

 

Introduction

 

Chapitre

    1. Aux églises où Dieu fait une différence

    2. Un cadre pour comprendre

    3. Vision: Une nécessité pour le ministère

    4. Structure: Mise en œuvre de la vision

    5. Développement de la conduite

    6. Enseignement et discipolat

    7. Évangélisation: Carburer la croissance

    8. Prière: Rendant l’évangélisation fructueuse

    9. Compassion: Le facteur intégrant

   10. Adoration: Reconnaître qui Dieu est

   11. Conclusion: Apprendre des groupes de maison

 

Bibliographie

Annexe

     A. Questionnaire de recherche

     B. Évaluation par questionnaire

     C. Quotient de contact — Question 11

 

Figure

     1. Éléments du ministèe des groupes de maison

     2. Comparaison de caractéristiques nationaux sur quatre échelles

     3. Rôles de la conduite

     4. Niveaux de conduite du ministère des groupes de maison

     5. Structure de Secteur Este

 

Tableau

     1. Populations des villes des églises étudiées

     2. Types de réseau social par rapport à l’endroit

     3. Groupe potentiel de maison par rapport à l’endroit

     4. Résultats des questions 25 et 26

     5. Question 38 — Étude de cas (pourcentages)

 

Remerciements

Bien des gens ont joué un rôle significatif dans la réalisation de ce livre. Maints autres, trop nombreux pour nommer, sur cinq continents, ont contribué à la viabilité de ce livre.

Ma première reconnaissance se doit à mon épouse, Karen, qui était mon compagnon de recherche, éditeur, et conseiller tout au long du projet. Elle s’est occupée de la logistique de voyage et elle a voyagé avec moi pour recueillir des données. Elle aussi, elle a pris des notes copieuses, lesquelles, plus tard, se sont intégrées aux notes de terrain. Elle a également assisté aux entrevues et aux groupes de maison. Plusieurs notes sont attribuables uniquement à elle, car elle a assisté à maintes groupes de femmes et d’enfants, tandis que moi j’ai visité des groupes d’hommes. Elle a lu et a relu le texte pour m’aider à mieux exprimer mes idées. Sa participation et sa perspicacité ont donné au projet une plus grande profondeur et des dimensions plus larges.

Le Centre Billy Graham m’a accordé un poste d’attaché de recherche ainsi qu’un octroi de soutient pour le projet. Les personnels de l’École d’études avancées de l’Université de Wheaton et du Centre Billy Graham ont donné des aides et des conseils très valables. Ceux-ci ont inclus le Dr James Kraakevik, à ce moment-là directeur du Centre Billy Graham, qui a motivé et a guidé le progrès global du projet; Dotsey Welliver, qui a édité le manuscrit; le Dr C. Douglas McConnell qui a prêté sa perspicacité utile, en plus de son enthousiasme pour le projet, et dont l’intérêt pour les rangées de chiffres analytiques ne pourrait se surpasser; le Dr A. Scott Moreau, qui a aidé avec une grande partie de l’analyse anthropologique et dont la compétence dans la représentation graphique est évidente dans les schémas; le Dr Carla Waterman dont la recherche et la bonté m’ont souvent aidé selon mes besoin au bon moment; et le Dr Ken Gill qui m’a maintenu informé des publications stratégiques et m’a continuellement encouragé tout au long du projet. Tous se sont avérés généreux avec leur temps et perspicacité pour guider le projet.

CBInternational, la mission à laquelle je suis associé, et Western Seminary à Portland, Orégon, où j’enseigne, m’ont permis de prendre un congé et de m’aménager à Wheaton, Illinois, pendant une année afin de poursuivre le projet. C’est le Révérend Richard Jacobs, en fait, qui m’a mis en contact avec le Centre Billy Graham et qui m’a donné de sages conseils et de l’encouragement non seulement pendant le projet mais au cours des nombreuses années que nous travaillions au Madagascar sous sa surveillance. Le Révérend David Wedin, mon surveillant courant dans le CBInternational, a donné des conseils sages sur certains points selon mes besoins, et ses questions perspicaces m’ont souvent poussé en dehors de ma zone de confort.

Le Dr Donald D. Smith, qui occupe la chaire de ma division à Western Seminary, m’a fait preuve de son support et m’a souvent dispensé une perspicacité valable laquelle a donné direction à la recherche et aux conclusions du livre. Il est la source d’une partie du cadre théorique sur lequel se repose cette recherche. En fait, il a été mon ami et mon mentor durant une majeure partie de ma carrière de missionnaire.

En chaque endroit, des personnes clefs ont souhaité la bienvenue à Karen et moi, pendant que nous recherchions les données pour le livre. Nous leur restons endettés en raison de leur sacrifice d’amour. Dieu a œuvré par leur intermédiaire pour nous enseigner. Dans presque tous les groupes d’église et de maison, les gens ont posé leurs mains sur nous et ont prié pour ce projet. Les prières d’une multitude de saints dans ces cinq villes ont fait partie de la bénédiction de Dieu sur le travail.

À Accra, le Révérend Philémon Quaye, un homme chrétien d’état, que beaucoup regardent comme leur mentor, a organisé notre temps, nous introduisant à trois églises dynamiques de cellules. Le Révérend Jide Oladimeji, surveillant national du Ministère chrétien de la vie profonde, nous a donné de son temps et accès à maintes personnes clefs d’église. Le Très Révérend (CDR) F. H. Gbewonyo, modérateur de l’Église évangélique presbytérienne du Ghana, et le Révérend S. Y. Kwami, Pasteur, nous a chaudement accueillis, nous a donné de leur perspicacité et de leur pieuse sagesse concernant le ministère des groupe de maison, et ils ont guidé la distribution du questionnaire au sein leur église. Le Révérend Fred Deegbe, Pasteur en chef de l’Église baptiste du Calvaire, nous a donnés de son temps quoiqu’il eût à partir en voyage international prolongé plus tard le jour même où nous lui avons rendu visite. Un de ses associés, le Révérend Docteur Osei-Bonsu, nous a également aidés en nous exposant le ministère baptiste. En conclusion, M. Martin Obeng, officier de l’Alliance ghanéenne des étudiants évangéliques, que nous avions rencontré à l’École des études avancées de l’Université de Wheaton, avant qu’il fût rentré au Ghana, a mis du temps à aider avec la logistique et avec des explications sur la culture, en dépit de sa son programme très occupé d’enseignement à Accra et à d’autres villes. Bien des gens des églises d’Accra nous ont chaudement souhaitées la bienvenue.

À Bombay, le Pasteur Willie Soans de l’Église de la nouvelle vie nous a mis en contact avec une gamme de personnes au travers de Bombay, de sorte que nous pûmes sentir la diversité et la vitalité de l’œuvre de Dieu dans cette ville énorme.

Le Pasteur Willie a mis des heures valables, en dépit d’un calendrier extraordinairement occupé, à aider et à surveiller la distribution du questionnaire. Le Révérend S. Joseph, Pasteur en chef, a donné son approbation, a formulé des prières en faveur du projet, et a partagé des informations valables sur l’histoire et la conduite courante de l’Église de vie nouvelle. Jerry D’Souza, membre du personnel directeur, a arrangé pour que nous visitions différents types de groupes d’église et de maison.

À Caracas, Jeffrey Denlinger et David Dawson, missionnaires de la CBInternational, ont donné leur appui logistique, ont effectué plusieurs entrevues, et se sont chargés de la supervision de l’administration du questionnaire. Sam Olson, Pasteur en chef de l’Église Las Acacias, et Francisco Lievano, Pasteur en chef de l’Église Dios Admirable, ont donné beaucoup d’aide et ont mis des heures de temps à ouvrir des portes pour que nous puissions enquêter des groupes de maison dans leurs églises et tenir des entrevues avec des chefs et des membres des groupes de maison. Le Révérend Jose Pablo Sanchez, un étudiant à l’École des études avancées de l’université de Wheaton, avait traduit le questionnaire.

À Chicago, le Révérend Marquez Jobe et le Révérend David Garratt se sont avérés particulièrement obligeants en nous amenant dans des domaines fructueux de recherche. L’église a ouvert son cœur à nous. Nous y avons assisté souvent au cours de ce projet et avons vu Dieu au travail. Les prières continues des groupes de maison nous ont maintenus focalisés et actifs pour achever ce livre.

À Moscou, Mlle Beverly Nickles, missionnaire, nous a hébergés et nous a transportés partout dans la ville. Elle a aussi dirigé la traduction et l’administration du questionnaire. Le pasteur Pavel Saveliev, Pasteur en chef de l’Église Rosa, et son épouse Marina nous ont chaudement souhaités la bienvenue et ont ouvert des portes de contact avec des groupes de maison et avec des responsables d’église. Leurs prières, enthousiasme, et contribution nous ont considérablement encouragés.

Mlle Leanne Winters, étudiante à l’école des études avancées de l’Université de Wheaton, a effectué une grande partie de l’analyse des données ainsi que la mise en forme des résultats du questionnaire pour les annexes. Le Dr Galen Currah a également donné de l’aide utile dans l’analyse des réponses au questionnaire.

Les Drs Rex et Jeanne Blumhagen nous ont fournis un logement, maints voyages à l’aéroport, et d’excellente sagesse relative au projet. Leur appui aimable et bonne humeur ont assuré notre bon fonctionnement tout au cours du travail.

Les citations scripturaires sont prises de la Sainte Bible, Nouvelle Version de Genève, copyright © 1979 par la Société biblique de Genève.

Nous exprimons également nos mercis de la permission d’employer le diagramme sur les rôles de la conduite (figure 1, chapitre 3). Source: Visionary Leader­ship: Creating a compelling sense of direction for your organization par Burt Nanus. San Francisco: Jossey-Bass, 1992.

Introduction

Nous passions une quantité de temps plutôt étonnante dans l’aéroport de Francfort. Cette pensée m’a frappé avec force lorsque, après une autre expérience fatigante au travers du terminal, Karen m’a dit: «Rappelle-moi pourquoi nous faisons ceci». Cette introduction est ma tentative d’expliquer pourquoi nous avons fait ceci.

Nous faisions des voyages en outre-mer avec des délais extrêmement courts. Une rotation stupéfiante n’a duré qu’une journée entre un retour d’Inde et un départ hâtif en Afrique occidentale. Il s’est avéré de plus en plus difficile de se faire tirer encore les valises et d’emballer les objets nécessaires. Cependant, en moins d’un an, nos voyages nous ont permis d’éprouver et d’apprendre de nouvelles choses ragaillardissantes.

Gloire à Dieu qui nous a fortifiés spirituellement, physiquement, émotionnellement, et logistiquement! Nous n’avons été atteints d’aucune maladie. Les visas requis sont arrivés en avance, bien que certains soient arrivés au dernier instant horrifiant. Tous les vols sont arrivés dans des délais raisonnables de sorte que nous n’avons jamais été sérieusement retardés, et aucun bagage n’a été perdu. Ces quelques articles représentent un énorme effort logistique, ce qui nous fait sentir que c’est Dieu par sa grâce, qui a tout arrangé.

Pèlerinage personnel
Le cœur de l’homme médite sa voie, mais c’est l’Éternel qui dirige ses pas. (Proverbe 16:9)

Cette histoire commence au Madagascar où mon épouse, Karen, et moi, nous avons servi en implanteurs d’église urbaine suivant notre nomination en 1966 par la CBInternational, une société de missionnaire en outremer. En conséquence, notre pèlerinage vers un ministère des groupes de maison s’est entamé en même temps. Sur le plan humain, le ministère des groupes de maison s’est développé tout à fait accidentellement. Cependant, il est clair pour nous aujourd’hui que c’est Dieu qui nous a amenés à ce ministère et que c’est lui seul qui l’a rendu fructueux.

Ce ministère dans les maisons s’est développé à partir d’un besoin que nous avions. En 1984, nous avions été au Madagascar depuis 16 ans en tant que missionnaires travaillant dans l’implantation d’église et dans la formation de responsables d’église. Nous avions été impliqués dans une variété de ministères y compris la littérature, l’éducation décentralisée, l’enseignement d’école biblique, et l’évangélisation. Karen a eu un ministère auprès des femmes et a formé des moniteurs d’école du dimanche qui ont développé des matériels pédagogiques de caractère biblique, à partir des ressources locales. Nous étions très occupés. Nous avions vu s’en produire du fruit. Dieu avait béni ces efforts. Toutefois, quelque chose semblait erronée. La vie au Madagascar comportait le stress de la vie sous le marxisme, tandis que nos enfants étaient partis en internat d’école pendant des périodes de trois mois. Nous avons senti quelque manque dans nos vies. Quoique nous fussions activement engagés dans le ministère, nous avons senti le besoin d’une spiritualité plus mûre. Notre vie spirituelle manquait d’une certaine dimension.

Impulsés par notre besoin, nous avons invité deux couples chrétiens malgaches à nous rencontrer pour ternir une étude biblique hebdomadaire et pour prier ensemble. Ainsi, nous tous nous nous somme penchés à l’Écritures chaque semaine, l’appliquant à nos vies, tout en mettant une bonne partie du temps de chaque réunion à prier. Puisqu’en ce moment-là, nous ne savions presque rien de la théorie ni de la méthodologie des petits groups, nous n’avons suivi aucun programme spécifique. Nous ne connaissions que peu sur les principes que nous aurions découvrir plus tard. Nous ne recherchions qu’un renouveau spirituel. Lors de quelques réunions, nous passerions une ou deux heures dans la prière après avoir étudié la Bible et fait part des besoins personnels. Nous tous nous sentions que Dieu était au travail en nos vies, et que nos besoins spirituels commençaient de se satisfaire. C’était, en effet, Dieu qui a satisfait nos besoins en œuvrant à travers des personnes et de sa Parole, et c’était la structure du groupe de maison qui en a facilité le processus.

Environ huit à dix mois plus tard, un des autres hommes du groupe a suggéré que l’on y inviter un voisin à lui. Bientôt un autre couple s’y est ajouté. Nous ne cherchions pas vraiment une croissance numérique, toutefois c’était ce qui s’est produit. En une année, deux groupes de maison supplémentaires ont commencé dans d’autres secteurs de la ville. Jusqu’à ce point en 1985, le ministère des groupes de maison était encore quelque chose que nous faisions à temps libre.

Une vraie joie dans le Seigneur nous est revenue. Nous avons commencé à sentir la présence de l’Esprit à l’œuvre dans notre petit groupe et par son intermédiaire. Ce fait m’a été souligné un jour environ un an après que nous avons commencé à nous réunir. Roger, un professeur d’université qui fréquentait notre église, m’a côtoyé et dit:

—J’entends dire que Dieu est vraiment à l’œuvre dans votre quartier .

—Est-ce vrai? ai-je demandé, étant un peu étonné. Ne pas sachant de quoi il parlait, je me suis dit: Ce serait merveilleux si Dieu faisait quelque chose dans notre quartier.

—Oui, a-t-il dit, nous avons entendu parler de comment il exauce vos prières.

Alors il s’est mis à énumérer plusieurs exaucements de prière dont il avait entendu parler. Au milieu de cette conversation, je me suis rendu compte qu’il parlait de notre groupe de maison! Il parlait des résultats des pétitions faites par les membres de notre groupe. J’ai été étonné.

Alors, Roger nous a demandé de venir démarrer un groupe dans sa maison, comme celui que nous conduisions dans notre quartier. Nous étions si contents du premier groupe que nous avons accepté sans imaginer alors que ces activités pourraient constituer un ministère. L’expérience du petit groupe nous avait impactés si profondément, par une renaissance spirituelle personnelle, que nous la considérions comme une édification plutôt privée. Le ministère, comme nous le comprenions à cette époque, consistait en dispenser uniquement aux autres.

Un troisième groupe s’est démarré par la suite parmi un nombre de professionnels une autre soirée. Nous avons vu Dieu agir parmi ces personnes au cours des semaines et des mois suivants. Certains sont venus au Christ et se sont développés par la grâce. D’autres se sont débarrassés des penchants. Encore d’autres ont fait face à des problèmes douloureux. L’enfant d’un membre de groupe est mort soudainement. Le mari d’un autre membre l’a abandonné elle et leurs deux jeunes fils. Nous avons pleuré lors de leurs épreuves et nous sommes devenus partie d’une famille en apprenant un ministère plus profond au Madagascar.

Nous membres de ce group également, nous nous sommes réjouis ensemble des victoires et des exaucements de prières. Un enfant a réussi un examen tout important. Quelques membres du groupe de maison ont obtenu de bonnes embauches. Un professeur d’université a été invité à donner une conférence à l’académie nationale des sciences. Son groupe de maison entier est allé assister à cette réunion, l’encourageant par leur présence tranquille et leurs prières silencieuses. Karen et moi, nous avons passé la plupart de 1985 aux USA où, pendant cette période, nous avons appris davantage sur les ministères des groupes de maison. Dieu a employé de tels petits groupes de manières puissantes dans maints pays du monde. Des gens tels que Yonggi Cho, Eddie Gibbs, Karl George, Ralph Neighbour, Jr., et d’autres nous ont enseignés et instruits par leurs écris et conférences. Ainsi, nous sommes revenus au Madagascar ayant une vision pour faire de l’expansion des groupes de maison notre emphase principale de ministère.

Entre 1986 et 1991 nous nous sommes concentrés sur le ministère des groupes de maison. Nous avons commencé lentement, cherchant à obtenir l’approbation de quelques pasteurs et responsables d’église locale, avant de lancer un effort concentré sur le développement d’une structure qui ferait multiplier les groupes de maison. D’abord, un certain niveau de soupçon régnait. Des responsables d’église ont jugé que nos efforts pourraient créer des ministères qui ne seraient pas sous la commande des églises locales. Ils ont également craint que l’hérésie surgisse si on donnait trop de responsabilité aux laïcs.

Travailler lentement et modeler de bons groupes de maison ont apaisé la plupart des craintes, et le ministère s’est développé. À partir des trois groupes originaux, le nombre de groupes de maison à Antananarivo a dépassé les 80. Dans la même période, cinq nouvelles églises ont été implantées, des groupes de maison y jouant un rôle important. Une des meilleurs indices de l’acceptation du ministère de maison a été ce qu’un pasteur m’a dit un jour que plus que 80 pourcent des candidats baptismaux sont venus au Christ par le biais des groupes de maison.

En les 17 années précédentes, deux églises avaient été ajoutées à la seule église baptiste existante à Antananarivo. Ces trois églises se sont également développées de manière significative pendant le temps où les nouvelles églises se démarraient. Bien que les groupes de maison ne fussent pas la seule cause de la croissance de ces églises, ce n’est pas sans signification que la croissance explosive se soit produite en même temps que le ministère des groupes de maison.

Les groupes de maison ont également occasionné des changements d’attitude. Avant que ces ministères soient devenus communs, les chrétiens et les responsables d’église n’imaginaient pas qu’ils puissent avoir un ministère sans la présence d’une église locale ayant un pasteur qualifié. Quand les membres d’église se sont aménagés ailleurs, ils chercheraient une église comme celle qu’ils avaient quittée. S’il  n’y en trouvaient pas une, certains cesseraient de fréquenter une église et deviendraient spirituellement apathiques. Cependant, quand des membres d’un groupe de maison se sont déménagés, ils étaient bien pour initier un groupe de maison au sein de leur nouveau réseau social. Les chrétiens qui se sont aménagés à un autre quartier de la ville se trouvaient qualifiés pour démarrer un ministère en lançant un nouveau groupe. Ils connaissaient une structure et une méthodologie qu’ils pourraient répliquer.

Dans notre contexte au Madagascar, le concept des groupes de maison est devenu encore plus étroitement lié à l’évangélisation. Des chrétiens qui n’avaient jamais été très actifs au ministère d’église ont démarré de petits groupes avec des membres de familles, des amis, des voisins, et d’autres associés de réseau. Ils se sont pris pour autorisés à faire l’évangélisation et d’autres ministères en raison des groupes de maison.

Tandis que toujours résidant au Madagascar, Karen et moi, nous avons été invités à Kampala (Ouganda) à faire part à une équipe d’implantation d’église de ce que nous avions appris sur le ministère de maison au Madagascar. J’ai été également invité à adresser une conférence internationale à Ndola (Zambie) sur sujet de la base biblique des groupes de maison et de leur utilisation dans le ministère.

Depuis notre retour aux USA en 1991, en raison des soucis de santé, nous servons en consultants internationaux aux missionnaires et aux chefs nationaux dans d’autres pays tandis que j’enseigne dans la Division d’études interculturelles au Western Seminary à Portland, Orégon. Aujourd’hui, une bonne partie de notre travail traite le ministère des petits groupes dans les secteurs urbains du monde où nous consultons avec des chrétiens qui œuvrent pour mettre sur pied ces types de ministères.

La raison de cette étude
Une raison saine a pour fruit la grâce (Proverbe 13:15)

Les événements spécifiques qui ont occasionné cette étude se sont produits à Portland en 1994. À ce moment-là, Karen et moi, nous avions visité quelques 12 secteurs urbains d’Amérique du Sud, d’Europe, et d’Afrique, ainsi que plusieurs aux USA, pour y consulter et y tenir des conférences liées au ministère des groupes de maison. Nous avions conclu que les différentes cultures exigent de différentes approches. Ceux qui avait cherché à importer un modèle du ministère de petits groupes «fabriqué aux USA» ou ailleurs avait produit des résultats incohérents. Ils ont souvent échoué, ou au mieux avaient des résultats limités. En effet, quelques chefs avaient conclu que les groupes de maison n’étaient pas un modèle valable de ministère.

En novembre 1994, plusieurs événements ont concouru de manière étonnante. D’abord, j’ai été invité à solliciter une bourse de missionnaire auprès du Centre Billy Graham de Wheaton, l’Illinois. Peu de temps après cette invitation, deux missionnaires sont venus me voir au bureau à différents instants, venus de différents contextes, posant à peu près les mêmes questions: «Comment les ministères des groupes de maison vont-ils différer entre Bruxelles et Nairobi?» Et «Comment diffèrent les ministères des groupes de maison seront-ils, selon votre expérience, entre Madagascar et Portland?»

Ils voulaient savoir lesquelles en seraient non seulement leurs variations mais également leurs ressemblances. Tandis que je possédais quelques idées préliminaires là-dessus ainsi que nombreux anecdotes illustrant mes avis, je manquais de la recherche structurée nécessaire pour en tirer des conclusions. J’avais réfléchi sur des manières de découvrir de telles réponses même avant l’invitation bursaire du Centre Billy Graham soit arrivée.

Le but principal de ce livre est de fournir une réponse préliminaire à ces questions: Quelles sont les points communs et les différences importantes du ministère des petits groupes au travers des cultures? Comment vérifier ces différences? Ainsi, les églises choisies pour cette étude ont été choisies en raison de leurs différences culturelles et contextuelles et parce qu’elles ont eu un ministère sérieux des petits groupes, non pas nécessairement parce qu’elles seraient des communautés typiquement évangéliques dans leur secteur.

La culture affecte la manière dont un ministère des petits groupes se conduit. J’espère que beaucoup d’études seront faites sur les petits groupes et sur les manières dont ils peuvent efficacement et convenablement être employés dans différentes cultures pour mieux bâtir l’église. Le Nouveau Testament nous donne la base de tout ministère, y compris celui des petits groupes, mais les manières dont ceci doit s’appliquer inclura des considérations culturelles. Ce livre traite principalement des applications culturelles pour le ministère des groupes de maison.

Méthodes employées dans cette étude
Venez et contemplez les œuvres de Dieu (Psaume 66:5a)

J’ai employé trois méthodes basiques pour obtenir les données sur lesquelles ce livre se base. Le premier, et probablement le plus important, a été l’observation de participant. Karen et moi, nous avons voyagé à plusieurs endroits urbains y visiter des églises et groupes de maison. Nous avons tous les deux pris des notes. Habituellement, un interprète y était présent qui a pu nous expliquer les événements qui se déroulaient autour de nous. Quand aucun traducteur n’y était, nous avons observé plus attentivement les indices non-verbaux, ce qui s’est avéré instructif. Après chaque réunion, nous avons compilé nos notes dans un grand document de recherche sur le terrain.

Une deuxième méthode était l’entrevue personnelle. Nous avons interviewé longuement le personnel directeur de chaque église. Nous avons également interrogé des chefs de moyen-niveau, des chefs de groupe de maison, et des membres de groupe de maison. Les entrevues ont consisté entièrement en questions ouvertes. Nous avons cherché à découvrir comment chaque ministère des groupes de maison fonctionnait, comment il s’intégrait dans la vie de la plus grande d’église, et comment il avait changé au fil du temps.

La troisième méthode était un questionnaire que nous avons administré parmi les membres des groupes de maison (voir l’annexe A). Je recherchais, par cet instrument, des données sur les structures culturelles et sociales. Le questionnaire visait un échantillon plutôt sélectif que randomisé, ayant pour avantage d’appliquer un essai uniforme à chaque emplacement, corroborant les données cueillies à partir de l’observation et des entrevues de participant. Notre but était de l’administrer aux membres des groupes de maison, bien que, dans certains cas, ce soit un pourcentage élevé des chefs groupe de maison qui l’ait complété. À Moscou et à Caracas il a été traduit en langue locale. Pour assurer son exactitude, on l’a vérifié en le faisant traduire de nouveau en anglais. Dans les autres endroits, on l’a employé en anglais. Les résultats du questionnaire sont tabulés dans l’annexe B.

Un mot sur la terminologie. Les nuances de sens peuvent s’avérer un problème pour les chercheurs dans n’importe quelle langue. J’ai choisi d’employer l’expression «groupe de maison» plutôt que «cellule» pour plusieurs raisons. J’appuis l’avis de Ralph Neighbour, Jr., que le nom que l’on donne à un ministère et aux petits groupes est important, parce qu’il reflète en quelque sorte sa vision.1 Normalement, je préfère parler de «cellule» en raison de son analogue biologique: la cellule est une partie organique et intégrale du corps et elle est faite du même matériel.

Toutefois, peu d’églises figurant dans cette étude emploient l’expression cellule. Celles de Chicago, de Moscou, et Bombay, ainsi que Ministère chrétien de vie profonde d’Accra emploient dans tous leurs ministères les expressions «groupe de maison» ou «groupe d’église». Les Baptistes d’Accra emploie le terme «bergerie» pour les groupes et «famille» ou «tribu» pour l’agrégation des groupes de maison. L’Église Las Acacias de Caracas a emploie le mot «famille» pour les petits groupes tandis que les groupements régionaux s’appellent «tribus». Dans l’Église Dios Admirable de Caracas, on parle populairement des «groupe de base». Ces églises ont considéré les implications des noms avant d’en faire un choix, afin de communiquer leur vision dans leur contexte particulier.

J’ai également choisi de ne pas employer «groupe de cellule», parce que certains qui ont participé à cette d’étude trouve l’expression désagréable. Un de nos contacts à Moscou m’a dit qu’on n’aime pas le terme «cellule» en raison ses implications communistes: «Ça blesse nos oreilles». C’est pourquoi leurs réunions s’appellent «groupes de maison». Ainsi, j’ai décidé de suivre l’exemple des groupes recherchés en parlant des groupes de maison. Toutefois, j’emploie le terme au même sens que d’autres parlent des cellules.

Explication des recherches
Faites les plans en cherchant le conseil (proverbes 20:18)

Ce livre présente une étude menée sur quelque huit églises situées dans cinq villes séparées sur cinq continents, chacune dans son contexte individuel. La situation en Russie diffère sensiblement de celles d’Amérique et d’Afrique. Pourtant, dans ces huit églises disparates j’ai découvert huit facteurs fondamentaux du ministère des groupes de maison. Chacun de ces facteurs est affecté par les cultures uniques dominantes. Une question s’est posée: «Chacun des huit facteurs, est-il nécessaire à un ministère réussi des groupes de maison?» Je ne dis ici que tous les huit facteurs étaient évidents dans toutes les églises que nous avons étudiées.

Je me tiens également compte du fait que les conclusions que j’en ai tirées soient de mon interprétation à moi des données. J’ai cherché à découvrir des facteurs de base qui caractérisent le ministère des groupes de maison dans différentes cultures plutôt qu’à en dégager les méthodes des groupes de maison. Mon épouse et moi, nous avons visité plus d’une vingtaine de pays au cours des dernières années. Nous y avons collaboré avec de nombreux chrétiens qui ont essayé d’y importer des méthodologies qui ont échoué. C’étaient ces observations faites sur le terrain qui nous ont amenés à chercher des facteurs fondamentaux des églises ayant des groupes réussis de maison. Un autre chercheur aurait pu parvenir à d’autres conclusions sur certains points et aurait pu organiser différemment ses conclusions.

Tandis que nos conclusions ne dérivent que de ces cinq endroits, nous espérons que le lecteur y trouvera des principes applicables à sa situation locale. Normalement, les ministères des groupes de maison qui se trouvent dans des secteurs géographiques contigus seront plus semblables que les ministères des groupes de maison d’une même dénomination qui se trouvent dans de différents secteurs. Cependant, la variation attestée aux grands centres urbains du monde est telle qu’une idée découverte dans un endroit urbain pourrait mieux s’appliquer dans un autre endroit urbain éloigné que dans un autre coin du même secteur urbain. Par exemple, en faisant des essais sur le terrain de notre questionnaire dans les banlieues de Chicago, les résultats ont différé significativement des résultats obtenus dans une église au centre de la ville de Chicago. C’est-à-dire, certaines qualités de l’église de Chicago ressemblent à celles d’autres églises urbaines de Chicago appartenant à de différentes dénominations plus que à celles des églises suburbaines voisines de la même dénomination.

Certainement, les huit facteurs de base du ministère des groupes de maison que nous avons découverts permettent de différentes expressions culturelles dans divers environnements urbains. Pour cette raison, les chapitres de ce livre sont intentionnellement de caractère descriptif. Ainsi, on peut se pencher sur un cas particulier en tant qu’exemple légitime de la façon dont un facteur particulier fonctionne dans un cadre donné.

Comment lire ce livre
Tout travail procure l’abondance (Proverbe 14:23)

Ce n’est pas un livre sur la méthode, même si j’ai cherché à découvrir les bases qui soutiennent les diverses méthodes employées.

Le livre commence avec une introduction aux cinq endroits où la recherche a été effectuée. Le premier chapitre donne une brève vue d’ensemble du contexte et du caractère des églises étudiées dans chaque secteur. Puisque cette étude se penche sur des églises urbaines, j’ai cherché, dans l’introduction aux endroits, à exprimer mes impressions de ces secteurs plutôt que de mener des études sur la démographique.

Pour fournir au projet un cadre théorique, dans le deuxième chapitre j’ai passé en revue trois sujets de caractère missiologique qui forment la base de ma recherche. Ce chapitre commence par un bref examen des données bibliques au sujet des petits groupes et de comment les petits groupes se rapportent aux plus grands groupes. Les données bibliques serviront de base du livre entier. La section suivante de ce chapitre traite des questions d’ordre culturel. Je passe brièvement en revue le travail de trois savants qui ont influencé ma pensée: Geert Hofstede, Edouard T. Hall, et Donald K. Smith. La troisième section, ayant un objectif plus étroit, traite de l’analyse des réseaux sociaux et de leur importance pour les études urbaines. Ce chapitre finit par un bref examen des implications de ces perspectives et pour les groupes de maison en particulier et pour l’église en général.

Ceux qui ne s’intéressent pas à la théorie peuvent procéder directement aux huit chapitres (3 à 10) qui forment le noyau du livre. Ces chapitres présentent les résultats immédiats de notre recherche sur une série de facteurs importants pour les ministères des groupes de maison. Chacun de ces chapitres de noyau est une unité, permettant au lecteur ayant un intérêt à un facteur particulier d’en lire le chapitre correspondant hors séquence.

Je discute de tous les cinq endroits dans chaque chapitre de noyau, même si le chapitre commence habituellement par une mise en relief d’un ou de deux endroits particuliers. Nous avons découvert que chaque endroit a un facteur fondamental qui semble propulser le ministère entier des groupes de maison. Pour les cinq endroits, la base fondamentale la plus forte, autour de laquelle ces ministères se concentrent, sont: Accra — la structure, Bombay — l’évangélisation, Caracas — l’enseignement, Chicago — la compassion, et Moscou — la prière. En soulignant un facteur fondamental pour chaque endroit, je ne veux pas dire que l’endroit soit plus fort en ce facteur que les autres endroits urbains, ni que les églises à cet endroit soient faibles relatif aux autres facteurs. Je précise seulement qu’à chaque endroit, sur les huit facteurs de noyau, l’un d’eux semble propulser les autres.

Vers la fin de la plupart des chapitres de noyau se trouve une section intitulée «Évaluation par questionnaire». Cette section analyse des données appropriées tirées du questionnaire. Le chapitre serait toujours intègre sans l’inclusion de cette section laquelle peut être sautée par le lecteur qui désire accéder à l’essentiel sans s’inquiéter des détails analytiques. Dans la Conclusion du livre, je recommande d’autres sujets de recherche, et je formule quelques implications globales de cette étude pour le ministère des groupes de maison.

Comme indiqué plus haut, cette étude a tracé pour Karen et moi un parcours extraordinaire. Le projet s’est avéré plus vaste et compliqué que nous n’ayons compris au début. En moins d’un an, nous avons recherché des endroits urbains sur cinq continents, en avons évalué les données, et en avons rapporté par écrit les conclusions les plus importantes.

Nous nous sommes assis aux pieds des personnes de Dieu qui nous ont fait part de leurs cœurs et de leurs expériences. Nous avons écouté maints témoignages au sujet de Dieu et de ses œuvres, comment il a libéré des individus de leurs penchants et styles de vie dysfonctionnels. Nous avons appris d’avantage au sujet de Dieu et de son peuple, assis à l’ombre d’un manguier à Accra et sur le sol dans une petite maison du plus vaste taudis d’Asie à Bombay. Assis sur un lit dans une chambre d’un appartement communal à Moscou, nous avons senti la présence de Dieu. Nous avons senti son amour en attendant que l’on manie une trousse de clés pour nous faire passer par plusieurs portes verrouillées afin d’atteindre un appartement dans une tour à Caracas. En sortant d’un groupe de maison un jour d’hiver du côté sud de Chicago, nous avons aperçu la police interroger plusieurs jeunes hommes, leurs mains contre une voiture de patrouille. À tous ces endroits, nous avons constaté que les groupes de maison effectuent des changements dans de grandes villes.

Nous avons focalisé sur des églises basées sur les groupes de maison, non pas sur leurs théologies distinctives, bien que les églises que nous avons étudiées s’étendent sur une gamme théologique. Certaines sont des églises évangéliques traditionnelles. D’autres sont plutôt d’orientation charismatique. Toutes ces églises tiennent à la Sainte Bible, aime le Seigneur Jésus-Christ et désirent lui obéir. Ainsi, les similitudes et les différences que nous avons découvertes dans les groupes de maison ont eu peu à faire avec la théologie. Les églises de différentes persuasions théologiques dans des cultures semblables ont bien plus en commun que des églises de la même raie théologique se trouvant dans des cultures différentes. Les trois églises que nous avons étudiées à Accra avaient beaucoup en commun, bien qu’elles soient de dénominations différentes.

Nous avons été stimulés et bénis par le peuple de Dieu dans tous les endroits où nous avons voyagés. Parfois nous l’avons trouvé difficile de nous concentrer sur la recherche, parce que nous nous trouvions si impliqués dans la prière, l’adoration, et l’enseignant au sein des groupes de maison, que nous avons enlevé nos «verres de chercheurs» pour un instant. Ainsi donc, bien que ce livre soit le résultat de notre recherche scientifique, il est pour nous beaucoup plus: il représente pour nous une véritable expérience de solidarité et de culte au sein du corps du Christ, un don que Dieu lui-même nous a généreusement octroyés en ces plusieurs endroits.

Note

1 Ralph Neighbour, Jr., Where Do We Go From Here? (Houston: Touch Publications, 1990). Voir les pages 209 à 210 et 254 et suivants pour une discussion de l’importance de donner à ce ministère le bon nom.

 

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